Théâtre contemporain
Salle Lino Ventura
Résumé
Sous l’impulsion de sa mère qui rêvait d’être concertiste, Glenn Gould commence le piano dès l’âge de deux ans et demi et s’y révèle aussitôt très doué.
Il lit la musique avant même de savoir lire et écrire. Devenu adulte, il va totalement révolutionner la façon de jouer du piano et vendre autant de disques que les plus grandes rock stars.
Mais plus le public l’acclame, plus Glenn en souffre, car sa personnalité Asperger et hypocondriaque lui rend chaque concert extrêmement pénible et douloureux, sans parler de sa vie privée, totalement sacrifiée…
C’est l’histoire du destin extraordinaire et tragique d’un des plus grands artistes du XXe siècle.
Ce spectacle habile, qui associe matériau biographique et enjeu artistique, attrape le spectateur par les sentiments. Télérama TTT
Presse
Ivan Calbérac s’empare de ce destin aussi fabuleux que tragique d’un artiste singulier. Le Parisien
Récompenses
- Molières 2023 - Révélation féminine, Révélation masculine
Distribution
Écriture et mise en scène Ivan Calbérac
Avec Thomas Gendronneau, Lison Pennec ou Agnès Claverie, Josiane Stoléru ou Raphaëline Goupilleau, Bernard Malaka ou Julien Rochefort, Alban Aumard, Stéphane Roux ou Stéphane Ronchewski
Note d'intention
Parmi les plus célèbres pianistes de l’histoire de la musique classique, Glenn Gould s’affirme résolument comme l’une des figures les plus marquantes, les plus fascinantes d’entre toutes. Son incroyable précocité, sa personnalité asperger, ses innombrables manies, son hypocondrie permanente, son retrait de la scène internationale à 32 ans, en pleine gloire, son éternel célibat, en tout cas officiel, sa mort prématurée à 50 ans, tout participe à en faire un artiste singulier, et qui semble avoir voulu construire, de son vivant, sa propre légende.
Derrière ce destin hors du commun, et souvent évoqué, c’est une réflexion profonde sur le statut d'artiste qui sous-tend la pièce, statut que Gould n’a jamais cessé d’interroger, et de réinventer. « A quoi bon jouer une œuvre de Bach, si elle a déjà été jouée comme ça ? », répétait souvent le pianiste. Son obsession était donc à chaque fois d’apporter sa propre lecture à un concerto, à une sonate, à une partita… Lecture toujours différente de ce qui avait déjà pu être fait, joué, enregistré, quitte à changer le tempo de la partition, voire parfois même, à ne pas jouer toutes les notes… ou en jouer de nouvelles. Cette posture semblait faire écho à la fameuse réflexion de Frederico Fellini qui disait : « Lorsque je me demande ce qui compte le plus dans l’acte créateur, la réponse qui me vient à l’esprit est simple : est-ce vivant ou non ? ».
Cette interrogation sur le rôle de l’artiste me semble plus actuel que jamais, et tout spécialement au théâtre. Que pouvons-nous apporter de vivant au public ? Comment ne pas faire du spectacle « mort » ? Comment se réinventer face à tous les mondes virtuels qui prennent de plus en plus de place dans nos vies ?
J’ai voulu faire mienne la réponse de Gould, en proposant un éclairage nouveau, en racontant cette histoire sous un angle différent. Et dans le destin de ce prodige, ce qui m’a personnellement intéressé, c’est son rapport à sa mère, jamais vraiment traité. C’est qu’il y a très peu de documentation disponible sur cette mystérieuse Flora Gould… On peut apprendre néanmoins, au détour de certaines biographies (celle de Razzana par exemple, Le dernier samaritain, mais aussi celle de Mickael Clarksonn, The secret life of Glenn Gould, a Genius in love), que cette mère a dormi dans le même lit que son fils unique une nuit sur deux, jusqu’à ses 15 ans… On sait aussi que Flora a mis Glenn au piano dès l’âge de deux ans et demi, elle qui rêvait d’être concertiste, mais qui n’a jamais pu dépasser le statut de simple professeur de piano… Ces quelques faits, et d’autres qu’on retrouve dans ces biographies, ont suffit à déclencher mon imaginaire, et me donner envie de composer l’histoire d’une éducation particulière… Une éducation qui n’est pas sans rappeler celle prodiguée par le père de Mozart à son fils Amadeus… Mais celle-ci avait quelque chose d’encore plus singulier, car elle cette fois-ci, l’Œdipe se jouait avec la mère… C’est cette mère fusionnelle et probablement incestueuse que Glenn n’a jamais réussi à tuer symboliquement.
Plus qu’un « biopic », c’est donc l’histoire d’un drame que j’ai voulu écrire, une tragédie familiale, shakespearienne, ou plus le temps passe, moins les êtres qui s’y débattent n’ont de chance de trouver ce bonheur qui leur échappe, et bien au contraire, plus ils courent vers leur perte, et leur disparition prématurée.
Glenn Gould, c’est l’histoire d’un homme tourmenté, dont le succès foudroyant est vite devenu un fardeau, succès qu’il a tenté de fuir, sans jamais pour autant trouver l’apaisement. C’est l’histoire d’un homme seul, qui n’est jamais parvenu à construire de lien durable avec quiconque, femme ou ami, ni s’offrir la moindre descendance. C’est un homme qui a passé sa vie à abuser de tous les médicaments qu’il trouvait, jusqu’à s’empoisonner avec. Sans doute les causes de son mal être n’étaient pas circonstancielles, mais existentielles, puisant leur origine dans cette enfance trouble, douloureuse, soumises aux injonctions coercitives d’une mère despote, et abandonné par un père incapable de s’opposer aux désidératas de son épouse. « Si nous l’avions laissé faire, il ne serait jamais devenu Glenn Gould, l’inoubliable Glenn Gould ! », affirme Flora, à son mari, la fin de sa vie, avant de lui demander : « Et toi tu préférerais un monde sans Mozart, sans Glenn Gould ? ».
Le texte s’interroge donc sur le prix à payer pour devenir un artiste de génie, le prix à payer aussi pour le rester, en se gardant bien de répondre de manière directe aux questions qu’il pose. Car les réponses sont toujours ambigües, ambivalentes, complexes.
« Un jour, j’écrirai ma biographie, et elle sera certainement fictive », a déclaré un jour Glenn Gould dans une interview, avec tout l’esprit délicieusement facétieux dont il savait faire preuve. C’est bien une pièce fictive que j’ai souhaité écrire, mais où tous les événements relatés sont exacts, faisant écho à la maxime de Boris Vian, « cette histoire est vraie, puisque je l’ai inventée ». Ivan Calbérac
Mentions obligatoires
Scénographe Juliette Azzopardi Lumières Alban Sauvé Vidéo Nathalie Cabrol Costumes Bérengère Roland Assistante à la mise en scène Florence Mato Co-production Le Petit Montparnasse / La Française de Théâtre/ Le Théâtre des Béliers Parisiens / Acmé.